L’éco-pâturage : une pratique en fort développement
Initiée au milieu des années 70, la pratique de l’éco-pâturage se développe fortement en France depuis le début des années 2000, car cette méthode d’entretien des espaces verts et naturels a la capacité à répondre aux enjeux sociétaux de demain :
– la préservation de l’environnement et de la biodiversité,
– la création et le renforcement des liens sociaux
– la préservation des ressources financières des organismes.
Bassins de rétention d’eau, pelouses, coteaux…, ces espaces sont en général localisés en zone péri-urbaine, voire en cœur de ville ou au niveau de dépendances routières. Dans certains cas, l’accès et l’entretien s’avèrent difficiles voire dangereux pour le personnel. La surface peut être très variable, de plusieurs centaines de m2 à quelques hectares.
L’éco-pâturage peut également être un excellent moyen de ré-ouvrir de façon douce des milieux enfrichés, surtout si leur accès est difficile (fortes pentes, présence de fossés, de cuvettes, de buttes…).
L’éco-pâturage, un vecteur de biodiversité
L’impact de l’éco-pâturage sur la flore, la faune et les milieux naturels dépend des races utilisées, de la pression de pâturage exercée, de l’état initial des milieux, des objectifs de pâturage fixés…
L’impact du pâturage sur un site peut être mesuré en réalisant avant l’installation des animaux un état des lieux écologique initial (relevés d’espèces végétales et animales présentes, définition des enjeux écologiques). En fonction de cet état des lieux, les objectifs de pâturage sont définis.
Lorsque le pâturage est en place, un suivi régulier de la biodiversité permet d’évaluer son impact et ainsi adapter le plan de pâturage et renforcer la valeur du projet initial.
Quels sont les intérêts pour la biodiversité ?
De par son régime sélectif, l’animal trie les plantes qu’il mange en fonction des valeurs fourragères et de l’appétence. Ainsi, ses choix favorisent l’hétérogénéité du milieu et une grande variabilité de hauteur de végétation. De nouvelles espèces sensibles à croissance lente apparaissent, le développement des espèces pionnières dominantes à multiplication végétative devient limité et la fermeture naturelle du milieu est évitée. Une mosaïque d’habitats se crée attirant par conséquent de nouvelles espèces animales.
Les déjections peuvent également créer des micro-habitats favorables à un plus grand nombre d’espèces. La restitution quotidienne au sol des fèces et urines modifie fortement la vie du sol. Les impacts pour l’écosystème sont considérables : travail du sol, renforcement de la base de la chaine alimentaire…
Par leur manière de pâturer, les animaux participent au fonctionnement des écosystèmes et à l’entretien des paysages. Certains milieux naturels existent grâce à l’activité agropastorale, comme les prairies, les zones humides ou les landes. Si la pression de pâturage baisse ou en cas d’abandon, les milieux naturels se referment, c’est-à-dire ils sont colonisés par des broussailles puis par des arbres entraînant une uniformisation des paysages et par conséquent une diminution de la biodiversité et la disparition d’espèces patrimoniales.
L’éco-pâturage est aussi un outil de lutte biologique contre certaines espèces exotiques envahissantes (Renouée du Japon, Solidages, Balsamines, Robinier…). Lorsqu’elles sont implantées, ces espèces menacent l’équilibre des écosystèmes en dominant toutes les autres espèces.
L’éco-pâturage, un outil de sauvegarde de races menacées
Utiliser une race rustique : à travers le monde, 14 espèces animales produisent 90 % des protéines consommées par les humains. Les espèces ont été uniformisées pour standardiser et intensifier la production agricole. Actuellement, les races sont employées de façon très inégale. Certaines sont présentes partout dans le monde alors que des races locales voient leurs effectifs baisser ou disparaitre.
D’après un rapport de 2014 de l’Institut National de Recherches Agronomiques (INRA) concernant les races françaises menacées d’abandon, sur 179 races locales identifiées en France, 143 sont menacées.
Ces races locales, placées dans les milieux de vie appropries, sont plus résistantes aux maladies et parasites, limitant les traitements et soins à leur apporter. Elles peuvent également vivre dans des conditions climatiques extrêmes (humidité, froid, sècheresse).
Elles sont donc bien adaptées à la pratique de l’éco-pâturage.
L’utilisation de races rustiques participe au maintien de la diversité génétique et in extenso de la biodiversité.
L’éco-pâturage, un vecteur de de sociabilité et de bien être
L’arrivée d’animaux au cœur d’une commune crée des lieux d’échanges et de rencontre intergénérationnels et interculturels. L’animal crée des liens.
Dans les structures pédagogiques et sociales, la gestion d’un troupeau constitue un support pédagogique intéressant pour apporter confiance en soi, ouverture aux autres, responsabilité́, valorisation du travail. Installés auprès d’EHPAD, les animaux redonnent le sourire aux personnes argées…
Des actions de sensibilisation sont primordiales pour expliquer aux habitants les intérêts de l’éco-pâturage, les besoins des animaux, leurs rôles pour préserver les milieux et encourager la biodiversité́…
L’éco-pâturage permet également de renouer le lien ville-campagne, par des actions de sensibilisation axées sur l’origine et la qualité de l’alimentation.
Les coûts d’un projet d’éco-pâturage
En comparaison avec l’entretien mécanique, l’éco-pâturage peut permettre, suivant la configuration des sites et le niveau d’entretien souhaité, une économie financière allant couramment jusqu’à 25%, voire plus, par exemple pour des actions de défrichage.
Les coûts de fonctionnement
Les tarifs moyens de l’éco-pâturage par des prestataires professionnels en France sont très variables selon les régions. Ils varient également en fonction du projet (taille du terrain, accessibilité, durée du contrat…). L’échelle tarifaire est estimée entre 1 500 et 4 000 euros HT, par an et par hectare entretenu (hors pose de clôture et entretien mécanique complémentaire). Ces tarifs varient en fonction du projet et surtout en fonction du niveau des prestations contractualisées.
Les coûts d’investissement
La mise en œuvre d’un programme d’éco-pâturage nécessite des investissements qui peuvent représenter un budget à bien appréhender. Ces dépenses sont indispensables (acquisition des animaux) et nécessaires pour assurer la contention, la sécurité et le bien- être des animaux. Les principaux postes de dépenses sont les suivants :
– Achat et pose des clôtures : entre 16 € et 28 € le ml
– Abri de prairie : entre 350 € et 1 500 €
– Citerne et abreuvoirs : entre 150 € et 300 €
– Panneau de communication : entre 60 € et 300 € le panneau
